Enquête IACE : 58% des Tunisiens ont indiqué qu'ils choisiraient le paiement mobile en remplacement au chèque

L'argent liquide demeure le moyen de paiement privilégié des Tunisiens depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les chèques, représentant 47 % du total, selon une enquête publiée par l'Institut Arabe des Chefs d'Entreprises (IACE) le 27 mai 2025.

En effet, il s’agit d’une enquête menée par l'Institut en vue d’évaluer la nouvelle loi sur les chèques par rapport aux consommateurs, les virements et les lettres de change arrivent en deuxième position (16 % chacun). Elle a été menée un mois après l'entrée en vigueur de la nouvelle loi, soit le 2 février 2025, auprès d'environ 1 100 utilisateurs réguliers de chèques, âgés de 30 à 50 ans, dont la plupart avaient des revenus compris entre 1 000 et 3 000 dinars (61 %). L'enquête a également souligné la faible utilisation des nouveaux chèques (7 %).

À travers cette évaluation, l'IACE a souligné la nécessité d'un accompagnement pédagogique, de procédures simplifiées et de mesures incitatives concrètes pour encourager l'adoption du nouveau système de chèques. Et de constater l'absence d'une culture des paiements automatisés, malgré les avantages que ce mode de paiement offre en termes de régularité et de cohérence. Avant l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les chèques, les paiements étaient dominés par les virements bancaires, suivis des chèques, des prélèvements automatiques et enfin des lettres de change.

Les résultats de l'enquête indiquent que les lettres de change et les virements (16 %) arrivent en tête, devant les cartes bancaires (14 %), le nouveau chèque (7 %) et le prélèvement automatique (0,4 %). L'IACE estime, à cet effet, que cette évolution reflète une évolution des habitudes de paiement scriptural. Le taux relativement élevé de virements et de lettres de change parmi les professionnels indique que des alternatives aux chèques ont été introduites, souvent par nécessité.

S’agissant des difficultés rencontrées par les consommateurs depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle loi réglementant l'utilisation des chèques, un pourcentage important de répondants a confirmé avoir rencontré des difficultés pour effectuer certains paiements. En effet, 47 % ont indiqué avoir rencontré parfois des difficultés, tandis que seulement 27 % ont déclaré n'avoir rencontré aucune difficulté à cet égard.

Ces chiffres indiquent que, malgré sa récente mise en œuvre, cette réforme a eu un impact tangible sur les habitudes de consommation et la fluidité des transactions. D’ailleurs, 29 % des consommateurs ont abandonné ou reporté un achat prévu depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle loi. L'enquête a également examiné l'impact de la nouvelle loi sur les intentions d'achat des consommateurs, ainsi que la hausse des prix des produits, particulièrement impactés par les achats par chèque.

L'objectif à ce stade, est de comprendre si la mise en œuvre de la nouvelle loi a eu un impact sur la réduction de certains comportements de consommation, notamment dans les cas où les chèques étaient auparavant utilisés pour faciliter ou planifier les achats. Les résultats ont révélé qu'un pourcentage important de répondants, soit 29 %, ont confirmé avoir annulé ou reporté un achat prévu depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle loi.

À cet égard, l'IACE a estimé que ce chiffre reflétait “un impact négatif lié à la méconnaissance et à la complexité des procédures liées aux nouvelles méthodes d'utilisation des chèques”. Une analyse croisée des données révèle que la réforme a des effets variables selon les niveaux de revenus, affectant particulièrement les classes moyennes, qui ont recours aux modes de paiement différé. A ce titre, 88 % des consommateurs à revenus moyens (1 000 à 3 000 dinars) ont abandonné un achat, révélant leur forte dépendance aux chèques comme moyen de paiement différé.

En revanche, les autres groupes de revenus semblent moins touchés, bien que 43 % des répondants issus des classes aisées aient également exprimé une certaine hésitation, probablement liée à l'évolution des pratiques commerciales. Cette évolution est susceptible d'avoir un impact direct sur des secteurs clés tels que l'ameublement, le mobilier et la santé, qui bénéficient depuis longtemps de la flexibilité des paiements par chèque, un levier qui a contribué à maintenir une demande dynamique.

Sur le plan des achats de valeur élevée (meubles, appareils électroménagers, voyages et soins médicaux), l'IACE a indiqué que seulement 21 % des répondants ont effectué de tels achats au cours du mois écoulé, et que plus de 50 % d'entre eux ont utilisé de l’argent liquide, confirmant la prédominance de ce dernier, même pour les montants importants.

Interrogés sur leurs futurs modes de paiement préférés, 58 % des répondants ont indiqué qu'ils choisiraient le paiement mobile, suivi des cartes de débit (34 %), considérées comme un bon compromis entre maîtrise budgétaire et flexibilité de paiement. Enfin, 2 % des répondants ont exprimé le souhait de revenir aux paiements traditionnels par chèque.

Cette enquête, selon la Maison de l’Entreprise, révèle une évolution “rapide” mais “inégale” des habitudes de paiement.

À cet égard, l'Institut a souligné l'importance de revoir la législation régissant les modes de paiement alternatifs, en tenant compte des évolutions technologiques et des normes internationales, et d'accompagner toute réforme par des mesures d'inclusion numérique, des campagnes pédagogiques et des dispositions transitoires appropriées afin de garantir une adoption équitable et d'éviter l'exclusion des groupes vulnérables.

L'IACE a conclu qu'”il est essentiel d'assurer un suivi continu de l'évolution des pratiques afin d'évaluer les impacts à moyen et long terme de cette transformation législative sur l'économie et la société”.
 

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